Formation Arrimage de charge

L’arrimage des charges : un enjeu de sécurité collective

Chaque jour, des milliers de tonnes de marchandises circulent sur les routes françaises. Dès lors qu’un chargement est mal arrimé, c’est l’ensemble de la chaîne de transport qui devient vulnérable. Un freinage brusque, un virage serré, un dos-d’âne un peu trop rapide… et la charge peut basculer, glisser, ou se renverser, mettant en danger la vie du conducteur, des usagers de la route, voire des opérateurs lors du déchargement.

Les statistiques européennes sont claires : une part importante des accidents impliquant des poids lourds est directement liée à un arrimage défectueux. En France, les rapports des Carsat et de l’INRS signalent chaque année plusieurs milliers d’incidents causés par des charges mal retenues, entraînant à la fois des dommages matériels et des accidents du travail, parfois graves.

La sécurité ne dépend pas uniquement de la vigilance du conducteur. Elle repose sur une chaîne de responsabilités : chargeur, donneur d’ordre, exploitant transport, encadrement, caristes, conducteurs... Tous doivent s’assurer que la marchandise est stabilisée, répartie correctement et fixée avec des équipements adaptés, dans le respect des exigences techniques et réglementaires.

C’est dans ce contexte que la formation professionnelle à l’arrimage des charges devient un maillon indispensable. Elle ne se limite pas à un simple rappel de bonnes pratiques : elle permet une réelle montée en compétences opérationnelles, fondée sur une compréhension fine des risques, des forces mécaniques en jeu, des méthodes de retenue, et de la réglementation applicable.

Ce que dit la réglementation française et européenne

L’arrimage des charges ne relève pas d’un simple principe de bon sens : il est strictement encadré par la loi. Toute entreprise dont l’activité implique le chargement, le transport ou la livraison de marchandises est soumise à des obligations légales précises, tant au titre du Code du travail que du Code de la route.

Code de la route – Article R312-19

Le véhicule ne doit pas présenter de risque lié à son chargement. Ce dernier doit être réparti, fixé et immobilisé de façon à éviter tout déplacement susceptible de nuire à la stabilité du véhicule ou de constituer un danger pour les personnes.

Le non-respect de cette disposition est sanctionné par une contravention de 3e classe, assortie d’une possible immobilisation du véhicule.

Code du travail – Articles L.4121-1 et L.4141-1 à L.4141-4

L’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs. Cela inclut l'obligation de former les salariés à la sécurité, en fonction des risques auxquels ils sont exposés, y compris ceux liés à l’arrimage des charges.

L’absence de formation constitue un manquement à cette obligation de sécurité, pouvant engager la responsabilité civile et pénale de l’entreprise.

Norme européenne EN 12195-1

Cette norme de référence définit les méthodes de calcul des forces d’arrimage et précise les exigences relatives aux équipements (sangles, chaînes, accessoires). Elle impose une approche technique rigoureuse : calcul des forces d’inertie, prise en compte du coefficient de frottement, choix des dispositifs en fonction de la masse et du type de marchandise transportée.

Autres textes spécifiques

Le règlement ADR, pour le transport de matières dangereuses, inclut des prescriptions très strictes en matière d’arrimage.

La norme ISO 15818 concerne spécifiquement les engins de chantier, en précisant les exigences relatives aux points d’ancrage pour l’arrimage et le levage.

L’ensemble de ce cadre réglementaire impose aux entreprises de mettre en œuvre des procédures d’arrimage conformes, traçables et vérifiables, appuyées par une formation adaptée du personnel concerné. Il ne s’agit pas d’une recommandation mais d’une obligation légale, inscrite dans une logique de prévention des risques professionnels et de sécurité routière.

Les acteurs concernés par l’arrimage

L’arrimage sécurisé des charges concerne l’ensemble des acteurs impliqués dans la chaîne logistique et de transport. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas uniquement l’affaire du conducteur. La responsabilité est partagée et repose sur une organisation rigoureuse au sein de l’entreprise.

Les conducteurs routiers

Ils sont souvent les derniers maillons de la chaîne avant la mise en circulation du véhicule. Ils doivent être en mesure de vérifier la stabilité et la fixation de la charge, d’utiliser les dispositifs d’arrimage fournis et de réagir en cas d’anomalie. Leur responsabilité est directement engagée au regard du Code de la route.

Les caristes, agents de quai, magasiniers

En charge du chargement, ils jouent un rôle clé dans la répartition équilibrée des charges, le respect des consignes d’arrimage et l’utilisation correcte des équipements (tapis antidérapants, cales, sangles…).

Les donneurs d’ordre et les exploitants transport

En tant qu’employeurs ou donneurs d’instruction, ils doivent s’assurer que les moyens humains, techniques et organisationnels sont en place pour garantir un arrimage conforme. Cela inclut la formation du personnel, la mise à disposition de matériels adaptés et la vérification des pratiques.

Les entreprises du BTP, de la logistique, de l’industrie et de l’agroalimentaire

Toutes les structures manipulant, transportant ou sous-traitant le transport de marchandises, d’engins ou de matériels doivent veiller au respect des règles d’arrimage. Le manquement à cette obligation peut engager leur responsabilité civile ou pénale, en cas d’accident.

Équipements, méthodes et bonnes pratiques à maîtriser

Un arrimage conforme repose sur une combinaison précise entre méthodes adaptées, calculs normés et matériel conforme à la réglementation. La formation professionnelle permet d’acquérir ces compétences et d’appliquer des protocoles de sécurité éprouvés sur le terrain.

Les équipements d’arrimage

Les moyens de retenue doivent être choisis en fonction de la nature du chargement, de son poids, de sa forme, de la surface de contact et des conditions de transport. Parmi les principaux dispositifs utilisés :

• Sangles à cliquet ou à tendeur, avec marquage de la tension maximale d’utilisation (TMU / LC) ;
• Chaînes d’arrimage avec tendeurs spécifiques ;
• Tapis antidérapants pour améliorer le coefficient de frottement ;
• Cales, cornières, butées pour limiter les mouvements latéraux ou longitudinaux ;
• Barres d’arrimage et filets pour les petits volumes.

Tous ces équipements doivent être vérifiés régulièrement, maintenus en bon état et marqués de manière lisible.

Les méthodes d’arrimage

Les principales techniques d’arrimage répondent à des logiques physiques distinctes :

• Arrimage par friction : basé sur la force de frottement entre la charge et la surface du véhicule (à renforcer par des tapis antidérapants).
• Arrimage par blocage : immobilisation de la charge contre des parois, cales ou butées.
• Arrimage direct : utilisation de sangles ou chaînes fixées entre la charge et les points d’ancrage du véhicule (souvent en diagonale, selon l’angle et le sens des forces).
• Arrimage mixte : combinaison des techniques précédentes selon la configuration du chargement.

La norme EN 12195-1 impose un raisonnement par le calcul : il s’agit de contrebalancer les forces d’inertie (freinage, virage, cahots) par un dispositif d’arrimage dimensionné en conséquence.

Bonnes pratiques à transmettre en formation

La transmission de ces gestes techniques et réflexes de sécurité fait partie intégrante des objectifs pédagogiques des formations à l’arrimage de charges.

• Réaliser une analyse des risques avant le chargement ;
• Répartir les masses pour ne pas dépasser la charge admissible par essieu ;
• S’assurer de la propreté et de la planéité du plateau ;
• Vérifier la compatibilité entre les points d’ancrage de la charge et ceux du véhicule ;
• Renseigner une fiche d’arrimage ou un plan d’arrimage en cas de transport récurrent ou complexe ;
• Former les équipes aux gestes professionnels, à la vérification visuelle des tensions, et à la détection des équipements défectueux.

La maîtrise de ces éléments techniques est indispensable pour réduire les risques, garantir la conformité des opérations de transport, et respecter les obligations de sécurité prévues par la réglementation. La formation est le vecteur principal de cette montée en compétence.

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