Grue télescopique, grue treillis ou grue sur camion : quelles différences ?

Dans le monde du levage, beaucoup pensent qu’une grue reste… une grue. En réalité, grue télescopique, grue treillis et grue sur camion désignent des machines très différentes, avec des performances et des usages qui ne se recoupent pas.

Sur un chantier, elles se ressemblent parfois, mais leur conception, leur logique de levage et leurs capacités n’ont rien de comparable. Pour comprendre vraiment ce qui les distingue, mieux vaut regarder les détails… et prendre un peu de hauteur.

Grue télescopique : la grue mobile qui s’adapte à (presque) tout

La grue télescopique est sans doute la grue mobile la plus répandue sur les chantiers. Elle se reconnaît immédiatement à sa flèche composée de sections qui coulissent les unes dans les autres, exactement comme un télescope. 

Ce système lui permet d’atteindre rapidement une grande hauteur ou une longue portée, sans montage complexe.

Elle est montée sur porteur (camion ou châssis dédié) et équipée d'une flèche extensible. Elle se déploie en quelques minutes grâce à :

• ses stabilisateurs latéraux,
• son système hydraulique,
• ses dispositifs de contrôle de charge.

Selon les modèles, une grue télescopique peut lever de 40 à plus de 200 tonnes, et certaines machines haut de gamme dépassent même les 500 tonnes en configuration maximale.

Levage précis grâce à une flèche télescopique à déploiement rapide

Quand utilise-t-on une grue télescopique ?

On la retrouve dans une grande variété de situations :

• levage de charpentes ou d’éléments préfabriqués,
• pose de climatisations, unités techniques, panneaux, structures,
• interventions urbaines nécessitant une machine compacte et réactive,
• travaux industriels où la portée doit s’adapter vite au besoin,
• maintenance ou dépannage de levage.

Grue télescopique : les règles à respecter

L’utilisation d’une grue télescopique n’est pas libre : le Code du travail impose que l’engin soit confié à une personne formée et évaluée (articles R.4323-55 à R.4323-57).
Pour les grues mobiles, cette exigence s’appuie sur la recommandation R483, qui classe la télescopique en catégorie B.

Le CACES R483 B sert précisément à démontrer que l’opérateur sait :

• analyser une configuration de levage,
• stabiliser correctement la machine,
• utiliser la flèche en respectant la courbe de charges,
• maîtriser les dispositifs de sécurité.

Grue à flèche treillis : la référence pour les levages lourds

La grue à flèche treillis est une grue automotrice dont la flèche n’est pas un tube télescopique, mais une structure métallique triangulée, assemblée en plusieurs sections. C’est un engin pensé pour soulever très lourd, très haut, avec une marge de stabilité que peu d’autres machines peuvent offrir.

Dans le langage courant, on l’appelle souvent “grue treillis”, “grue à treillis”, “grue sur chenilles” (car la majorité des modèles sont montés sur chenilles), ou encore “crawler crane” dans les entreprises de levage qui utilisent volontiers la terminologie anglo-saxonne.

Cette architecture lui permet d’atteindre des capacités impressionnantes : environ 300 tonnes pour les modèles courants, et plus de 1 000 à 2 000 tonnes pour les configurations utilisées sur les chantiers industriels lourds ou l’éolien. Certaines machines, comme les grandes LR de Liebherr, dépassent même les 3 000 tonnes.

Grue treillis sur chenilles

Quand utilise-t-on une grue à flèche treillis ?

Grâce à sa flèche modulable très rigide, sa capacité à se déplacer en charge et la stabilité offerte par ses chenilles, la grue treillis prend le relais dès que les contraintes dépassent ce qu’une télescopique peut gérer. Elle est pensée pour les levages lourds, les grandes hauteurs, les portées extrêmes et les terrains difficiles.

On la retrouve souvent pour :

• le montage d’éoliennes,
• les chantiers industriels lourds (raffineries, centrales, pétrochimie),
• les grandes charpentes métalliques et éléments préfabriqués,
• le levage de turbines, cuves ou transformateurs,
• les ouvrages d’art (ponts, poutres massives),
• les opérations à très longue portée.

Grue treillis : les conditions d’utilisation réglementaires

Ici encore, le Code du travail impose un cadre précis : la grue à flèche treillis doit être confiée à une personne formée et évaluée (articles R.4323-55 à R.4323-57).
Cette obligation s’appuie sur la recommandation R483, qui classe la flèche treillis en catégorie A.

Le CACES R483 A permet de vérifier que l’opérateur sait :

• préparer et configurer l’engin selon la portée ou la charge à lever,
• gérer le montage et le démontage des éléments de treillis,
• lire et appliquer les courbes de charges spécifiques aux flèches treillis,
• travailler en sécurité lors de levages lourds, hauts ou à longue portée,
• maîtriser les déplacements en charge et les contraintes liées aux terrains difficiles.

La grue auxiliaire de chargement ou “grue sur camion”

Quand on parle de “grue sur camion”, on désigne dans la grande majorité des cas une grue auxiliaire de chargement : le fameux bras articulé fixé derrière la cabine ou à l’arrière d’un camion.

C’est l’équipement le plus répandu sur les routes et les chantiers de proximité, bien plus fréquent qu’une véritable grue mobile.

Contrairement à une grue mobile, une grue auxiliaire n’a ni flèche télescopique, ni flèche treillis.
Elle utilise un bras articulé composé de plusieurs segments hydrauliques qui se déplient comme un avant-bras, puis un poignet.

Bras articulé hydraulique, idéal pour le chargement et la livraison

Comment se pilote une grue auxiliaire ?

La commande se fait :

• au sol, depuis un pupitre fixé au camion,
• ou via une radiocommande,
• parfois depuis une petite plateforme latérale.

Il n’y a pas de cabine grutier : le pilotage se fait toujours hors de la machine, à proximité immédiate du camion.

Tableau récapitulatif : les grues en un clin d’œil

Pour clôturer cet article, voici un tableau qui reprend en un coup d’œil tout ce que nous avons vu : architecture, normes, capacités, usages et CACES associés. Une synthèse claire pour visualiser rapidement les différences entre grue télescopique, treillis et grue mobile sur camion.

	Type de grue	Architecture	Norme appliquée	Capacités / Portée	Usages typiques	Modèles courants	CACES® correspondant
	Grue télescopique	Flèche télescopique à sections coulissantes	NF EN 13000	Portée modulable, 30–200 t (jusqu’à 500 t)	Levages polyvalents, charpentes, urbain, industrie	Liebherr LTM, Grove GMK, Tadano AC	R483 B
	Grue à flèche treillis	Flèche treillis modulaire, souvent sur chenilles	NF EN 13000	Très lourdes capacités : 200 à 3000 t	Éolien, industrie lourde, ponts, ouvrages d’art	Liebherr LR, Manitowoc, Demag CC	R483 A
	Grue auxiliaire (grue sur camion)	Bras articulé hydraulique fixé au camion	NF EN 12999	Portée courte, levage proche du véhicule	Manutention, livraison, chargement/déchargement	Palfinger PK, Hiab X-HiPro, Fassi F660, Effer	R490