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En France, 159 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été validés ou homologués au 1ᵉʳ trimestre 2025, concernant 12 100 ruptures de contrats, un chiffre en hausse de +16,9 % sur un an.
Derrière ces statistiques, un acteur souvent méconnu mais crucial : le Comité social et économique (CSE). Lorsqu’il rend un avis défavorable dans le cadre d’un licenciement économique, la procédure n’est pas stoppée. Pourtant, cet avis consultatif peut transformer le cours d’un projet, renforcer le contrôle de l’administration, et servir de levier puissant pour les salariés.
Encadré par le Code du travail, le licenciement économique obéit à une procédure stricte dans laquelle le CSE occupe une place centrale, entre information obligatoire, délais réglementés et transmission de son avis à l’administration.
Selon l’article L.1233-3 du Code du travail, un licenciement est dit « économique » lorsqu’il est motivé par :
Ce motif est distinct de la personne du salarié : il repose sur la situation de l’entreprise et non sur la performance individuelle.
L’employeur qui envisage un licenciement économique collectif doit impérativement informer et consulter le CSE (articles L.1233-8 à L.1233-10 du Code du travail).
La consultation poursuit deux objectifs :
L’avis rendu (favorable ou défavorable) est consigné dans un procès-verbal qui doit être transmis à la Dreets (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités)
La réglementation encadre différemment les licenciements économiques selon le nombre de salariés concernés et la taille de l’entreprise.
Type de licenciement économique | Procédure CSE | Délais d’avis du CSE | Spécificités |
---|---|---|---|
Petit licenciement (2 à 9 salariés sur 30 jours) |
1 réunion d’information-consultation avec le CSE | 1 mois maximum | Procédure allégée, sans PSE obligatoire |
Grand licenciement (≥ 10 salariés, entreprise < 50 salariés) |
2 réunions avec le CSE, espacées de 14 jours maximum | À l’issue des réunions | La Dreets est informée dès la 1ʳᵉ réunion et reçoit le procès-verbal final |
Grand licenciement (≥ 10 salariés, entreprise ≥ 50 salariés) |
Au moins 2 réunions espacées de 15 jours minimum | 2 mois si < 100 salariés concernés 3 mois si 100 à 249 salariés 4 mois si ≥ 250 salariés |
Consultation sur le projet de restructuration + licenciement collectif. Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) obligatoire, validé ou homologué par la Dreets |
Cette architecture légale place le CSE au cœur de la procédure. Même si son avis n’est pas contraignant, il est indispensable au bon déroulement du licenciement économique collectif : sans consultation régulière et avis transmis, la procédure peut être jugée irrégulière et ouvrir la voie à des contentieux.
En résumé
Le licenciement économique repose sur des causes externes au salarié (difficultés économiques, mutations technologiques, réorganisation, cessation d’activité – art. L.1233-3 du Code du travail). Lorsqu’il est collectif, l’employeur doit consulter le CSE (art. L.1233-8 à L.1233-10), qui rend un avis transmis à la Dreets. La procédure varie selon l’ampleur du licenciement :
- une seule réunion pour 2 à 9 salariés,
- deux réunions pour les entreprises de moins de 50 salariés,
- et un processus plus long pour celles de 50 salariés et plus (jusqu’à 4 mois de consultation).
Dans ce dernier cas, un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) doit aussi être présenté et validé par la Dreets. Sans cette consultation régulière, la procédure est jugée irrégulière et peut être contestée.
La consultation du CSE est une étape incontournable du licenciement économique, où les élus sont appelés à examiner le projet et à se positionner.
La consultation du CSE repose sur un flux d’informations précises que l’employeur doit fournir. La convocation à la réunion doit être accompagnée d’un dossier détaillé qui inclut :
Dans les entreprises de plus de 1 000 salariés, l’employeur doit également informer le CSE sur les modalités du congé de reclassement, c’est-à-dire le dispositif qui permet aux salariés licenciés de bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour retrouver un emploi.
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Le CSE n’a pas à se prononcer immédiatement : la loi fixe des délais qui varient selon l’ampleur du licenciement collectif. Ces délais permettent au comité d’analyser les informations, de solliciter des experts et de formuler des contre-propositions.
Ces délais courent à compter de la première réunion de consultation. Passé ce délai, si le CSE n’a pas rendu d’avis, celui-ci est réputé avoir été donné (article L.1233-30 du Code du travail).
Durant toute la période de consultation, le CSE peut :
Bon à savoir
La consultation du CSE est obligatoire dès lors qu’un licenciement économique est collectif (au moins 2 salariés sur 30 jours). En revanche, pour un licenciement individuel, le CSE n’est pas systématiquement consulté : il n’intervient que si un accord collectif l’a prévu, ou lorsqu’il doit être saisi sur les critères d’ordre des licenciements. Cela explique pourquoi son rôle prend une ampleur particulière en cas de licenciement collectif ou de restructuration.
À la fin de la consultation, le CSE rend un avis favorable, défavorable ou neutre, consigné dans un procès-verbal de réunion. Ce document doit mentionner :
Ce procès-verbal est transmis à l’employeur et à la Dreets, qui en tiendra compte lors de la validation ou de l’homologation du plan de licenciement.
Même si cet avis n’a pas de pouvoir suspensif, il est loin d’être symbolique : un avis défavorable bien argumenté peut influencer la Dreets dans son contrôle, renforcer la position des salariés et ouvrir la voie à une contestation judiciaire en cas de manquement à la procédure.
Lorsque le CSE rend un avis défavorable sur un licenciement économique, il n’empêche pas la procédure d’avancer, mais il modifie sensiblement la suite du processus.
L’avis rendu par le CSE, qu’il soit favorable ou défavorable, a un caractère consultatif : il n’a pas de valeur suspensive et ne peut donc pas bloquer la mise en œuvre d’un licenciement économique collectif. L’employeur reste libre de poursuivre son projet même face à une opposition du comité.
Mais en pratique, un avis défavorable bien argumenté est loin d’être anodin : il formalise la contestation des représentants du personnel et peut servir de point d’appui en cas de recours ou de contrôle administratif.
Jurisprudence
La Cour de cassation a rappelé que l’absence de consultation régulière du CSE constitue une irrégularité sanctionnée. Dans un arrêt du 27 novembre 2019 (Cass. soc., n°18-10.551), elle a jugé qu’un employeur qui ne respecte pas ses obligations de consultation manque à son devoir, même si les licenciements sont économiquement justifiés. Ce manquement peut entraîner l’annulation de la procédure ou l’octroi d’indemnités aux salariés concernés.
En cas d’avis défavorable, l’employeur doit transmettre le procès-verbal de consultation à la Dreets (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités). Ce document contient les observations, critiques et propositions du CSE.
L’absence de transmission ou un manquement à cette obligation peut entraîner une irrégularité de procédure, ouvrant la voie à des sanctions et à des contentieux.
La Dreets joue alors un rôle clé de contrôle administratif. Elle dispose de délais précis pour examiner le projet :
Pendant ce délai, l’administration peut :
Un avis défavorable du CSE alerte donc la Dreets et renforce la vigilance de l’administration sur la régularité et la pertinence du projet.
En résumé
L’avis défavorable du CSE ne bloque pas la procédure de licenciement économique, mais il peut la retarder, contraindre l’employeur à des ajustements et fragiliser son projet, tout en renforçant les droits des salariés.
Un avis défavorable du CSE ne stoppe pas la procédure de licenciement économique, mais il change la donne pour l’employeur, les salariés et le climat social.
Un avis défavorable du CSE ne bloque pas la procédure, mais il complique sérieusement la tâche de l’employeur.
Un avis défavorable bien motivé donne davantage de poids aux salariés pour contester la procédure.
Un avis défavorable reflète souvent un climat social tendu. Il traduit l’absence d’accord entre la direction et les représentants du personnel.
Avec plus de 12 000 ruptures de contrats validées via un PSE en début d’année 2025 (Dares), la vigilance autour des procédures de licenciement économique est plus que jamais d’actualité.
L’avis défavorable du CSE ne bloque pas un projet, mais il peut en modifier le tempo, contraindre l’employeur à revoir ses mesures et donner de la force à d’éventuels recours.
Dans un contexte où chaque décision pèse lourd sur l’emploi et le climat social, cet avis devient un outil stratégique : à la fois signal d’alerte pour l’administration et levier de négociation pour les salariés.
Reste aux élus à se doter des bonnes compétences pour que leur parole, qu’elle soit favorable ou non, ait un véritable poids dans les restructurations à venir.
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