Comment se déroule la formation Installateur IRVE ?

Installer une borne de recharge, c’est respecter un cadre strict, se former aux normes en vigueur, et garantir la sécurité des utilisateurs.

Depuis l’arrêté du 27 octobre 2021, toute installation supérieure à 3,7 kW doit être réalisée par un professionnel qualifié IRVE. Trois niveaux de formation existent, selon la complexité des chantiers : P1, P2, P3.

Vous êtes électricien, technicien ou entreprise du bâtiment ? Cette formation est devenue incontournable pour élargir vos chantiers et vos marges...

On vous explique ici comment ça se passe, ce que vous allez vraiment apprendre, et pourquoi ce n’est pas juste une formalité à cocher entre deux devis. Restez branché, c’est du concret.

Trois niveaux pour structurer la montée en compétence

La formation d’installateur IRVE est structurée en trois niveaux progressifs (P1, P2, P3). Chacun correspond à un périmètre d’intervention spécifique et s’adresse à un public différent, avec des prérequis précis.

Cette gradation permet de sécuriser les interventions, de garantir la conformité des installations et d’ouvrir l’accès aux qualifications requises pour intervenir dans le cadre réglementaire actuel (NF C 15-100, guide UTE C 15-722, etc.).

Niveau 1 – P1 : la base réglementaire et technique (monophasé ≤ 22 kW)

Le niveau P1 prépare à la pose de bornes de recharge sur circuits simples, en environnement résidentiel ou équivalent. Il s’adresse à des électriciens qualifiés souhaitant intervenir sur des installations courantes, sans supervision complexe ni pilotage énergétique.

• Objectifs : comprendre le cadre réglementaire, les normes de sécurité, poser une borne monophasée ≤ 22 kW.
• Durée indicative : 2 jours.
• Public concerné : électriciens diplômés ou professionnels du bâtiment avec expérience.
• Prérequis : habilitation électrique B2V-BR-BC.
• Certification visée : attestation de compétences IRVE P1, exigée pour les demandes de qualification auprès d’organismes comme Qualifelec.

Niveau 2 – P2 : intervention en triphasé, avec supervision et communication

Le niveau P2 ouvre la possibilité d’installer des bornes en triphasé, de gérer des installations avec supervision, télégestion, ou raccordement à un système de gestion de l’énergie. Il est désormais demandé dans la majorité des projets en entreprise, collectivité ou copropriété.

• Objectifs : installer des IRVE jusqu’à 22 kW en monophasé ou triphasé, avec supervision, communication, délestage ou programmation.
• Durée indicative : 3 jours.
• Public concerné : électriciens expérimentés souhaitant étendre leur champ d’intervention.
• Prérequis : niveau P1 validé + habilitation électrique à jour.
• Certification visée : attestation IRVE P2.

Niveau 3 – P3 : charge rapide en courant continu (DC)

Le niveau P3 permet d’intervenir sur les bornes de recharge rapide, en courant continu (DC), avec des puissances souvent supérieures à 24 kW. Ces installations nécessitent une expertise poussée, tant en sécurité qu’en ingénierie réseau.

• Objectifs : installer et maintenir des bornes de charge rapide en DC, y compris avec supervision avancée et protocoles OCPP.
• Durée indicative : 3 à 5 jours.
• Public concerné : techniciens expérimentés, souvent dans des entreprises spécialisées.
• Prérequis : niveau P2 validé, compétences solides en électricité industrielle.
• Certification visée : attestation IRVE P3, souvent requise pour intervenir sur les projets publics ou multi-sites. 

Tableau comparatif des 3 niveaux IRVE

Pour y voir clair en un coup d’œil : puissances, durées, débouchés… tout est résumé ici.

Que contient concrètement la formation ?

Chaque niveau de formation aborde des blocs de compétences bien définis, en lien direct avec la réalité du chantier et les obligations réglementaires. Ces blocs sont organisés autour de quatre piliers : la technique, la sécurité, la réglementation et la mise en service. Voici ce qu’on apprend, concrètement, en P1, P2 et P3.

Niveau P1 : Poser une borne en courant alternatif, en toute sécurité

La formation P1 permet de maîtriser les fondamentaux de l’installation d’une borne IRVE en courant alternatif jusqu’à 22 kW, sans supervision complexe. Elle aborde notamment :

• Les principes de fonctionnement des bornes AC et leur installation selon la norme NF C 15-100 (chapitre 7.7)
• Les composants et matériels utilisés : disjoncteurs, câblage, protections différentielles, boîtiers
• La réalisation d’un schéma unifilaire conforme
• Les règles de sécurité électrique et les EPI à utiliser
• La mise en service simple de la borne : raccordement, test de fonctionnement, vérifications

Objectif : être capable d’installer une borne murale ou sur pied, dans une maison individuelle ou un petit parking, sans supervision.

Niveau P2 : Gérer la supervision et les installations collectives

La formation P2 monte en complexité. Elle s’adresse aux électriciens souhaitant installer des bornes en courant alternatif avec supervision, dans des contextes plus techniques (entreprises, copropriétés, bâtiments publics).

On y aborde en plus :

• La communication entre bornes et systèmes de gestion (Modbus, OCPP)
• La configuration des bornes pilotables : délestage, programmation, interfaçage avec les systèmes domotiques ou GTB
• Les exigences liées à la mutualisation (copropriétés, flotte d’entreprise)
• Les schémas fonctionnels plus complexes et la gestion de plusieurs points de charge

Objectif : savoir installer, paramétrer et superviser un réseau de bornes AC.

Niveau P3 : Travailler sur les bornes rapides et les systèmes complexes

La formation P3 prépare à intervenir sur des infrastructures à haute puissance, souvent en courant continu (DC), dans des environnements critiques : bornes publiques, hubs de recharge, flotte de véhicules lourds.

Elle inclut notamment :

• La maîtrise des technologies de charge rapide et ultra-rapide (DC, combo CCS, CHAdeMO…)
• Les dispositifs de conversion AC/DC, les onduleurs et les contraintes de compatibilité électrique
• La sécurité spécifique au courant continu (détection d’arc, protections DC)
• La supervision avancée avec remontée de données et intégration réseau
• Les démarches de validation, d’inspection, de maintenance préventive

Objectif : maîtriser l’installation complète d’une infrastructure IRVE complexe, conforme aux exigences de performance et de sécurité les plus élevées.

Des mises en situation concrètes pour apprendre

On n’apprend pas à installer une borne IRVE uniquement sur un PowerPoint. Ces formations privilégient la pratique, avec du matériel réel et des scénarios proches des conditions de chantier.

Chaque niveau (P1, P2, P3) intègre des ateliers terrain : raccordement sur maquette, paramétrage de bornes AC ou DC, lecture de schémas électriques, gestion des protections… Les stagiaires doivent résoudre des cas concrets, appliquer les normes et assurer une mise en service complète.

La validation ne repose pas uniquement sur une présence passive. Des QCM viennent mesurer l’assimilation des connaissances, et une attestation est délivrée uniquement si les compétences sont effectivement acquises.

La certification IRVE : une finalité indispensable

Suivre une formation IRVE est une étape. Obtenir la qualification en est l’objectif. Et il ne faut pas confondre les deux.

À la fin de la formation (P1, P2 ou P3), le stagiaire reçoit une attestation de compétences individuelles. Elle prouve qu’il a été formé, a réussi les évaluations, et peut intervenir sur des installations IRVE selon le niveau concerné.

Mais pour qu’une entreprise soit habilitée à poser des bornes de recharge > 3,7 kW, elle doit obligatoirement obtenir une qualification IRVE délivrée par un organisme accrédité comme Qualifelec ou AFNOR Certification. Cette reconnaissance repose notamment sur :

• la présence d’au moins un référent technique formé IRVE,
• des références de chantiers réalisés,
• le respect du référentiel NF X 50-091.

C’est cette qualification, et non la seule attestation de formation, qui permet de garantir la conformité réglementaire des installations, de bénéficier des aides publiques (Advenir…) et d’engager la responsabilité de l’entreprise.

Faut‑il renouveler sa formation IRVE ?

Oui, et pour plusieurs bonnes raisons.

Réglementation en mouvement

Les normes électriques (NF C 15‑100, UTE C 15‑722) et les textes liés aux IRVE évoluent régulièrement (protocoles de communication, compatibilité véhicules, sécurité DC…). Se tenir à jour, c’est éviter les mauvaises surprises réglementaires… et assurer la conformité de vos chantiers.

Technologies en évolution

Les bornes changent vite : bornes bidirectionnelles (V2G), charge rapide encore plus puissante, gestion connectée, interopérabilité entre fournisseurs… Revivre une formation vous permet de tester ces équipements en conditions réelles et de maîtriser leurs spécificités techniques.

Certification entreprise

Bien que la qualification IRVE entreprise soit valable 4 ans, certaines obligations (audit intermédiaire, référent technique, dossier preuves…) impliquent des connaissances toujours à jour. Des remises à niveau peuvent aussi simplifier les processus de renouvellement ou d’audit COFRAC.

Formation continue : un vrai plus

Beaucoup de centres proposent des modules de mise à niveau IRVE (1 jour) ou des ateliers spécialisés (protocoles OCPP, supervision, sécurité incendie). Ces sessions sont idéales pour prolonger la durée de vie de vos compétences sans refaire une formation complète.

Une formation pour chaque projet IRVE

Que vous soyez électricien en phase de reconversion, entreprise souhaitant élargir ses compétences ou professionnel aguerri visant la qualification, il existe une formation IRVE adaptée à votre projet.

Comprendre les normes, maîtriser les installations complexes, intégrer la supervision ou sécuriser ses chantiers : chaque niveau de formation (P1, P2, P3) répond à des besoins spécifiques. Structurer son parcours, c’est gagner en efficacité, en conformité et en crédibilité.

Encore faut-il choisir un organisme reconnu, qui propose des sessions actualisées, des cas concrets et une pédagogie claire. OùFormer référence des formations fiables, comparables, disponibles partout en France.

Parce qu’à l’heure de l’électromobilité, se former, c’est surtout rester branché à la réalité du terrain.